Colombie
Formation d'éco-guides dans le Resguardo Mayasquer

Contexte et historique :

Une des priorités du processus de paix avec les FARCs passe par la démobilisation et la réintégration des combattants, il s’agit là d’un enjeu emportant des années à venir pour le Gouvernement colombien.

Pour cela, il est nécessaire d’engager de vastes programmes de formation afin de développer les capacités nécessaires à la mise en œuvre des politiques publiques de l’État et des provinces. Le Gouvernement colombien se doit de mettre en œuvre rapidement des projets permettant aux anciens combattants de se réintégrer dans la vie sociale.

Dès la signature de la paix en septembre 2016, l’Ambassade de France a souhaité se positionner dans ce cadre et a cherché des projets susceptibles de faire valoir l’expertise française.

L’environnement a été une piste identifiée. En effet, la Colombie possède un atout non négligeable en matière de développement touristique : sa biodiversité. Ce pays fait partie des « hot-spots » de la biodiversité mondiale. 55 000 espèces de différents groupes biologiques, 479 espèces de mammifères, 1 920 espèces d’oiseaux, 571 de reptiles, 763 d’amphibiens, 2000 poissons marins, 1 533 de poissons d’eau douce, 45 000 espèces végétales dont 4 000 espèces d’orchidées, 262 de palmiers, 1 600 de fougères, soit près de 15% de la flore mondiale et un taux d'endémisme très élevé. Et de nouvelles espèces sont encore enregistrées chaque année ! Une biodiversité sous haute pression avec une déforestation importante, en particulier sur la zone andine, la plus habitée.

Les différents fronts des FARCs étaient situés dans des zones rurales où la biodiversité est exceptionnelle (zones andines et paramo, versant amazonien, Bucaramanga, Cauca…).  La plupart des anciens combattants sont issus des zones dans lesquelles ils portaient les armes. Du fait du conflit, ces zones ont été longtemps relativement préservées, avec une biodiversité importante.

En matière de gestion des espaces naturels et de développement territorial, la France possède une expertise reconnue. De ce fait, le Ministère de l’Environnement et la Région Aquitaine ont travaillé conjointement avec le Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne à l’élaboration d’un  projet « formation d'ex-combattants en éco-guides".

Il s’agit pour le Parc naturel régional des landes de Gascogne d’une reconnaissance des compétences et de l’expertise de ses agents, il met en valeur à l'échelle internationale les méthodes de travail développées avec une culture "Parc", soucieuse de la préservation des patrimoines et d'offres durables de découverte. Cette action va permettre d’échanger, de découvrir d’autres milieux, d’autres cultures et modes de gouvernance, d'autres formes de tourisme, dans un pays résolument engagé dans l'écotourisme et le tourisme communautaire.

Cette action s’inscrit dans la cinquième mission des parcs qui est de réaliser des actions expérimentales qui peuvent être reprises sur tout autre territoire au niveau national mais aussi international. Elle s’inscrit également dans la mesure 75 de la charte du parc naturel régional des landes de Gascogne « S’appuyer sur les liens historiques et sociaux du territoire pour développer des projets de coopération » et plus particulièrement contribuer aux politiques de coopérations décentralisées des acteurs du territoire et favoriser le transfert d’expérience de préservation et de valorisation des patrimoines entre les territoires.

Description du projet :

Ce projet se propose de former comme éco-guides des membres de la communauté Pastos du Resguardo Mayasquer, un territoire indigène singulier aux confins du département de Narino (Sud-Ouest de la Colombie à la frontière équatorienne), une zone riche de ses ressources naturelles mais longtemps victime de son éloignement et du conflit armé. Les membres sont tous de la communauté indigène, certains sont engagés dans le processus de paix et de réconciliation. Devenir éco-guide nature participe aux projets de vie de chacun dans un processus de reconnaissance identitaire et pour quelques uns de ré-intégration dans la vie active. La formation proposée s'inscrit dans un parcours riche et mobilisant divers intervenants locaux sur plusieurs mois.

Devenir ambassadeur de son territoire et un éco-guide vise avant tout à œuvrer à l'échelle communautaire à faire reconnaître l'identité du Resguardo, à participer à l'élan écotouristique du pays après l'accord de paix tout en préservant les espaces naturels qui aujourd’hui attirent toutes les convoitises. Exercer cette activité reposera sur deux axes principaux : la préservation de la biodiversité  et la valorisation du patrimoine local, naturel et culturel, dans le cadre d'un éco-tourisme communautaire et l'acquisition de compétences pour guider des visiteurs. A terme, les guides pourront travailler sur l'accessibilité des sites (aménagement, hébergement, entretien des infrastructures, contrôle et suivi scientifique des milieux et des espèces), contribuant par son activité à maintenir une dynamique communautaire apaisée. Ils exerceront également l’accueil et sensibilisation des différents publics à la protection de l'environnement et à la découverte des richesses culturelles indigènes et colombiennes. Ils pourront notamment entretenir des partenariats territoriaux et intervenir en tant que personnes ressources.

À l’issue de leur formation, les guides seront à même de transmettre les messages en matière de protection de la biodiversité. Les membres du groupe connaissent très bien les zones naturelles et les "pépites" de leur territoire. Ils connaissent les différents milieux et savent ce que ceux-ci leur ont apporté durant les années de conflits (refuge, nourriture…).

Pour le département de Narino, la réincorporation et la réintégration sont inscrites dans le Plan de développement participatif «Nariño, Corazón del Mundo» dans l'Axe : 1 Paix, sécurité et coexistence ; Programme 3 : «Construction collective de la paix» Réconciliation pour non-répétition, dont l'objectif spécifique est: « articuler les efforts avec la nation pour renforcer les communautés et leurs organisations dans le cadre de la politique publique de démobilisation et réintégration des ex-combattants du conflit armé ». Localement, le Resguardo élabore son Plan de Vida, feuille de route élaborée en concertation avec la communauté. Les grands piliers de leurs orientations ressemblent à s'y méprendre aux objectifs politiques de la charte du parc naturel régional !

La région de Nariño est dotée d’un important patrimoine naturel, culturel, 1,6 millions d’ha de forêts natives, ainsi que la 2ème lagune la plus grande d’Amérique du Sud en altitude et le 2ème rang pour la biodiversité en oiseaux. C’est un site d’intérêt écologique mondial.

columbia-2064509_960_720

Partenaires :

Partenaires colombiens

  • Département de Narino : L’organisation logistique sur place sera gérée par le gouvernement de Nariño, ils seront chargés de mettre à dispositions les différents éléments nécessaires afin de mener à bien ce projet. Ils seront également chargés d’identifier les communes où le projet aura lieu pour accompagner le processus de réintégration et réincorporation.
  • Service National d’Apprentissage (SENA) : sera chargé de veiller au bon déroulement de la formation en fournissant les éléments logistiques et méthodologique. Les agents du SENA pourront également intervenir lors des formations.
  • L’Agence de Réintégration et de Normalisation accompagnera le projet par sa connaissance des anciens combattants.
  • CORPONARINO : définira les zones où il sera possible, développer un tourisme vert durable où le projet aura lieu, et pourra se développer afin de préserver la biodiversité de la zone et d’assurer un développement touristique durable pérenne.
  • Université de Narino : accompagnera le projet pour la formation en éco-guides nature.

Partenaires français :

  • la Région Aquitaine : soutien financièrement ce projet
  • Agence de coopération Nouvelle Aquitaine INTERCO : assurera le rôle de coordinateur et accompagnateur de ce projet en mettant en relation les différents acteurs en Colombie et ceux de la Nouvelle-Aquitaine. L’agence assure l’observation, l’analyse, l’identification de besoins et d’opportunités. Elle se chargera aussi de l’accompagnement des délégations en s’occupant de la traduction. Lien ici
  • Ministère de l’environnement français : Assurera le lien avec le ministère de l’environnement colombien ainsi que l’Institut Humboldt (muséum colombien).
  • Association OCOTEA (Biodiversité pour la paix en Colombie) qui mènera en parallèle un programme de développement et d’aménagement de site touristique dans lesquels les personnes formées pourront exercer leurs fonctions.

Phasage du projet :

Décomposition en trois phases :

  • Diagnostic :

             - Recensement des membres de la communauté et des anciens combattants souhaitant suivre ce type de formation.

             - Recensement des acquis académiques de ces derniers.

  • Mise en œuvre des formations en deux étapes.

             - Évaluation des besoins en matière de formation.

             - Formation :

                 . Tronc commun sur le métier d’éco guide nature

                 . Formation spécifique en fonction des milieux et des zones.

                 . Ces formations se feront tant en Colombie que en France pour les formateurs colombiens

  • Déploiement sur le terrain

             - Mise en place des équipes de terrain et accompagnement par les formateurs.

Mayasquer Cascada

Formation du 04-10 Novembre à La Cocha, Pasto (Colombie)

L’objectif de cette première mission en Colombie (Pasto, Nariño) était d’initier dix stagiaires membres du Resguardo Indigène Mayasquer au métier d’éco-guide, lors de modules de formations encadrés par deux agents du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne (PNRLG): Jérôme Fouert-Pouret et Angel Martinez. La semaine s'est déroulée avec l'appui d'Interco, de l'association Ocotea et de l'acteur local Cochatour.

A lire : syllabus résumé

Le programme détaillé de cette semaine de formation a été varié : sorties ornithologiques quotidiennes, divers ateliers sur les richesses naturelles et culturelles du territoire, partage des ressources mobilisables pour obtenir des informations et des contacts naturalistes, requis pour une visite réussie et les compétences attendues d'un guide d'écotourisme, échanges sur les projets personnels et collectifs et profils des futurs éco-guides, élaboration finale de trois offres écotouristiques sur le territoire concerné. Des visites de terrain ont eu lieu aux alentours de la Lagune La Cocha afin de rencontrer divers profils de guides locaux, et permettre aux stagiaires d'observer et échanger sur les méthodes de travail et sur leurs parcours personnels : Parc National de l’île de la Corota, bocage de la Vereda Santa Clara, cascade Quillizinga, village Motilón et port El Encano.

Cette première phase a été une réussite pour tous les partenaires du projet et les stagiaires ont exprimé un grand intérêt et beaucoup de motivation et tous ont pu témoigner d'une maturité prochaine du projet écotouristique communautaire sur le Resguardo Mayasquer.

La suite du projet aura lieu en Avril 2020 avec la venue de 5 stagiaires en Nouvelle-Aquitaine, plus particulièrement avec la visite du Parc Naturel Régional des Landes de Gascogne (PNRLG) et de l’Écomusée de Marquèze. Ainsi, l’objectif de cette mission étant l’observation du travail quotidien des acteurs du territoire et des agents du parc et d’échanger autour de leurs savoir-faire.

Fin de stage