Introduction au propos - Maison Bigre, ZAC Nouvelle R’, Biganos
Serge SORE, Vice-président du PNR en charge de l’Urbanisme et du Paysage
“Je remercie les communes accueillantes pour l’opportunité qui nous est donnée d’être inspirés par des actions concrètes au service de l’aménagement durable du territoire. C’est à nous, en tant qu’élu.es, de rester vigilants sur l’urbanisation et la pression immobilière. Il nous faut respecter des directives qui nous permettent de préserver notre cadre de vie, notre environnement et nos paysages. En parlant aujourd’hui de matériaux biosourcés, de circuits courts, de mobilités, nous sommes en compagnie d’élu.es concerné.es qui anticipent l’avenir !”
Bruno LAFON, Maire de Biganos
“Ce projet découle de l’histoire même de la commune avec ses deux grandes difficultés : le manque de centralité de son bourg et la non-visibilité de “Biganos” au profit de “Facture”. Nous avons lancé cette réflexion dès 2008 pour réaménager ce quartier autour de la gare, conscients des mutations et de l’attractivité nouvelle de la commune de par sa proximité avec le bassin d’Arcachon, renforcée par la ligne de TGV. Malgré de nombreux freins et oppositions, le projet de Zone d’Aménagement Concertée Nouvelle R’ s’est dessiné autour de 800 logements, dont 30% sont des logements sociaux, 1 cinéma 5 salles, 6 commerces et des halles.
Nous avons stoppé l’étalement urbain dès 2008 pour montrer l’exemple mais la demande n’a cessé de croître. Les logements que nous proposons aujourd’hui sont à 54% occupés par des habitants de Biganos, 45% sont issus du territoire proche et les autres viennent de la métropole bordelaise mais travaillaient déjà sur la commune.
Le projet a été confié au bailleur social public adossé à Bordeaux Métropole, Aquitanis. Concepteur et aménageur depuis 2015, c’est lui qui a proposé la mobilisation de l’outil de ZAC, dans la volonté de maîtriser les projets en renouvellement urbain, contenir notre attractivité mais aussi d’utiliser des matériaux bio et géo-sourcés et de limiter l’étalement urbain. Finalement, une anticipation de l’objectif Zéro Artificialisation Nette.”
Vincent PALMA, Aquitanis
“L’outil de ZAC permet de faire participer chaque constructeur au projet global. La collectivité reste prescriptrice et donne aux constructeurs, même privés, des critères spécifiques à respecter. Parmi les engagements forts de ce projet, nous avons insisté sur l’utilisation de matériaux issus du territoire : le bois et la terre crue principalement, plusieurs veines d’argile se trouvant à proximité.
C’est une briqueterie au Barp (33) qui a réalisé les briquettes de terre crue (mélangée à de la fibre de chanvre des Deux-Sèvres) utilisées à l’intérieur des bâtiments de la ZAC. La vertu de la terre crue est principalement écologique puisque sa production émet 15 fois moins de CO2 que celle du béton par exemple et son facteur inertiel est très important.
L’exemple du bâtiment dans lequel nous nous trouvons, la Maison Bigre, a été un lieu d’expérimentation de ces différents matériaux. En termes de coût, utiliser de la terre crue plutôt que du placo représente un écart de 20% plus cher actuellement mais si la filière se restructure et se développe, les prix seront sans doute stabilisés.”
Visite de terrain - Jardin des embruns et Terra&Sylva, ZAC Nouvelle R’, Biganos
Trouillot et Hermel, Cabinet paysagiste mandataire de la ZAC
“Notre objectif principal était de reconstruire la ville sur elle-même, en prenant en compte la préservation des feuillus, le cadre de vie, la qualité paysagère et en proposant de nouvelles mobilités. À l’intérieur des îlots, des venelles piétonnes ont été créées ainsi que de nombreux espaces de partage (aire de jeux, aire de papotage, terrain de pétanque…).
Dans chacun d’entre eux, une grande partie des arbres a été préservée et des zones naturalisées, utiles pour la gestion des eaux pluviales, ont été aménagées comme en témoigne le Jardin des embruns. Nous avons cherché à atteindre un objectif de 50% en moins d’imperméabilisation sur l’ensemble de la ZAC. Au total, 350 arbres ont été plantés, 5000 arbustes et 5000m² de couvre-sol, sur une palette végétale d’essences locales, pérennes face au changement climatique et mixtes, odorantes et pour certaines comestibles !”
Vincent PALMA, Aquitanis
“Côté énergie, nous avons apporté des réponses variées tout au long de l’aménagement (la fin des travaux étant programmée à 2028), en remettant parfois nos choix en question et en se ré-adaptant : pompe à chaleur, récupération de la chaleur produite par l’usine Smurfit pour la piscine municipale, chaudière collective à pellets ou encore gaz vert sont autant de solutions mises en œuvre dans la ZAC.
Nous avons également fait des choix architecturaux qui répondent au principe de sobriété avec un mix de matériaux bruts (bois, béton, terre crue et paille) et des bâtiments triplement orientés.”
Laure GUYARD, Directrice du service Urbanisme de Biganos
“Tous les espaces publics de la ZAC appartiennent encore aujourd’hui à l’aménageur mais seront peu à peu rétrocédés à la commune. Un enveloppe d’environ 70 000€/ an a été budgétisée pour leur entretien, grâce à notre approche globale dans la préfiguration du site et la réalisation d’un plan guide en amont.
La fin des travaux est prévue pour 2028 mais la plupart des îlots sont déjà attribués, sauf 4 d’entre eux, du côté de la plaine des sports qui sont pré-attribués, et un îlot conventionné qui sera sur du tertiaire et appartient à un privé.”
Philippe SARTRE, Maire de Garein
“Nous sommes face à la nécessité de prendre position sur les formes urbaines et formes d’habitat. À nous de ne pas avoir peur d’explorer les possibles, les nouveaux modes de vivre et les formes urbaines qui en découlent, peu importe notre échelle de territoire et de projet.”
Cyrille DECLERCQ, Maire de Belin-Béliet
“Plusieurs enjeux se détachent selon moi : la question de la bioconstruction qui doit être centrale, la difficulté à faire naître des projets éco-conçus sur de petites parcelles avec un prix de foncier peu accessible pour les acquéreurs et l’enjeu environnemental, qui participe à l’amélioration concrète de notre cadre de vie.”
Visite de terrain - Reconversion d’une ancienne scierie à Garein (40)
Philippe SARTRE, Maire de Garein
“Garein est un village forestier de moins de 500 habitants au passé industriel dont il ne restait que deux anciennes friches : le site de distillation de la térébenthine et l’ancienne scierie ; 8 hectares en cœur de village, dont 5 ont été re-mobilisés dans notre projet communal.
La commune, traversée par une départementale, voit passer quelques 7 000 véhicules par jour, avec une part importante de poids lourds. Jusqu’en 1995, c’était même une 3 voies. Par un long processus de végétalisation et de déminéralisation, par la reconstitution du mail de platanes, la création de cheminements, de petites délimitations de l’espace nous avons cherché à rendre une âme villageoise à Garein. Le plan de référence mis en place nous permet de continuer ce travail en cherchant à concilier qualité paysagère, densification du centre-bourg et aménagement des espaces publics.
La mairie a acquis la friche de l’ancienne scierie et nettoyé le site : 2 500 tonnes de ferraille ont été enlevées, 8 semi-remorques de pneus ont été sortis ! Une maison - atelier pour des résidences artistiques ainsi que plusieurs bureaux en espace de co-working et une micro-crèche ont été aménagés dans les bâtiments existants, entièrement réhabilités en conservant un maximum d’éléments pour préserver l’identité patrimoniale. Une ombrière photovoltaïque va également être installée pour la consommation collective. 30 lots dont 2 pour de l’acquisition sociale sont programmés.”
Mathias GAILLARD, paysagiste et écologue chez OXAO
“Nous avions 3 objectifs dans ce projet de restauration : garder une cohérence d’ensemble, renaturer les lieux en plantant en même temps que les travaux, et trouver une végétation adaptée au sol très pauvre où les espèces exotiques envahissantes se développaient. Nous avons forcément connu des succès mais aussi des échecs et si c’était à refaire, il nous faudrait sûrement y aller petit à petit en étalant la revégétalisation dans le temps.”
SLK, Architecte conseil de la commune
“Les bâtiments anciens ont été préservés au maximum (les chevrons sont par exemple d’origine) et ont été bardés de bois de pin maritime issus de scieries locales. Comme pour les aménagements urbains, nous avons fait le choix de la sobriété dans notre conception avec des matériaux bruts qui évolueront dans le temps. L’objectif était de respecter le bâti et l’identité dont nous héritons.
Autre aspect important, la conception bioclimatique du bâtiment avec une circulation extérieure qui permet de mieux gérer la surchauffe en été et la baisse de température en hiver.
Le cabinet SLK a installé ses bureaux dans les locaux et l’espace de coworking, la pignadeta, est désormais ouvert à la location : nous souhaitons y réunir des gens de toutes les cultures et tous les horizons !”
Présentation du guide de l’Aménagement durable et du label Ecoquartier par la DREAL et le CEREMA
Elsa PREISS, DREAL - Préfecture Nouvelle-Aquitaine
“Les exemples présentés aujourd’hui se font l’écho des enjeux auxquels le label Écoquartier tente de répondre : recentralisation, mixité fonctionnelle, recherche de sobriété foncière, revitalisation de centre-bourg… Peu importe l’échelle, la labellisation en écoquartier est possible dans tout contexte à partir du moment où le projet d’aménagement s’adapte au lieu, que le cadre de vie est préservé et que la sobriété des ressources et de l’énergie est respectée.
La démarche de labellisation peut s’envisager quel que soit le statut du projet, qu’il soit public ou privé. Deux stades d’avancement sont différenciés, à la fois pour mettre en avant la démarche de projet (label ecoprojet), mais également sa pérennisation, à travers son évolutivité, la manière dont il est vécu par les habitants et le rôle du porteur de projet (ecoquartier).
Le guide de l’Aménagement durable permet quant à lui de détailler chaque thématique du développement durable et les traduit en une vingtaine d’engagements à laquelle les porteurs de projets doivent répondre, en augmentant plus ou moins le curseur suivant le contexte. Part de production d’énergies renouvelables, surface des espaces verts dans le projet sont des exemples d’indicateurs qui aident à acquérir une méthodologie pour tendre vers un projet durable.”
Claire SÈZE, CEREMA
“Le CEREMA propose des accompagnements dédiés chaque année via des appels à projet auprès des services de l’État. Les lauréats bénéficient d’un accompagnement de 12 jours par an, pendant 3 ans, allant de l’aide aux procédures d’aménagement en passant par la concertation citoyenne ou la mise en réseau d’acteurs ressources. Il est d’ailleurs possible d’y postuler, peu importe l’état d’avancement du projet.”
Vincent DEDIEU, Président du Parc naturel régional des Landes de Gascogne
“Je remercie chaleureusement tous les intervenants, les communes qui nous ont accueillis et les participants. Il nous semble essentiel de partager l’expérimentation de solutions concrètes qui répondent à des enjeux d’avenir, intégrant les questions de sobriété foncière, dans le cadre du ZAN, et de renouvellement urbain.
Ces temps d’échanges et de dialogue entre élus sont précieux. Nous engageons d’ailleurs la révision de la Charte du Parc et nous aurons l’occasion d’autres temps d’ateliers et de discussions dans les prochains mois pour nous questionner collectivement sur nos pratiques et proposer des solutions pour le territoire. L’objectif est de modeler un projet qui nous ressemble, prend en compte les enjeux du territoire, les nouveaux défis qui nous attendent et les attentes de l’État.”