Chantier de nettoyage - J. HANIN
Le 10 mai dernier, l'équivalent de 2 mois de précipitations s’est abattu en 36 heures seulement sur le Bassin versant de la Leyre et celui du Ciron. Cette situation exceptionnelle et souvent inédite a occasionné des dégâts importants sur le Val de l’Eyre, le Sud-Gironde et la Haute Lande, notamment au niveau des piscicultures de nos territoires. Début juin, l’heure est à la remise en état de la Leyre en associant divers partenaires.

Des évènements météorologiques et hydrologiques exceptionnels

• Ces 10 et 11 mai, les fortes précipitations tombées sur les bassins versants du Ciron et de La Leyre ont apporté des cumuls d’eau de grande ampleur. Les montées d’eaux en quelques heures bien souvent, ont été momentanément au-delà des capacités d’absorption de certains réseaux hydrauliques. Le débit de l’eau constaté semble historique, avec des débits atteignant les 225m3/s sur la Leyre girondine soit plusieurs millions de mètres cubes déversés en quelques heures sur le Bassin d’Arcachon.

• Cette crue est un événement rare, d’une probabilité d’apparition de 1 pour 100 d’où le terme de « crue centennale ». Sur la Haute Lande, les grandes crues documentées depuis plus de 150ans nous rappellent l’apparition périodique de ces crues remarquables qui font partie des cycles « normaux » pour la Leyre, petit fleuve aujourd’hui sauvage dans un lit majeur fort heureusement très peu habité et apte à supporter ces crues morphogènes (faisant évoluer le profil et le lit du cours d’eau). La récurrence de tels évènements extrêmes et jusqu’ici inédits, pourrait évoluer avec le dérèglement climatique.

Impacts directs

• Les nappes phréatiques saturées, des terrains submergés et des maisons inondées de façon parfois inédite, des ruissellements puissants, des glissements de terrain, de nombreux ouvrages ayant cédé avec des ponts emportés sur des axes routiers principaux mais aussi d’innombrables petits ouvrages mis à rude épreuve en forêt… En quelques heures, les impacts de l’eau dans notre plat pays auront surpris et nécessité une mobilisation remarquable et coordonnée de nombreux acteurs : communes, pompiers, SDIS, services routiers… avec le maintien de cellules de crises plusieurs jours durant.

• Pour la filière aquacole, les impacts directs ont été d’une rare violence sur les 10 exploitations réparties sur trois bassins versants (Leyre, Ciron et Midouze). Sur la pisciculture de Sore (du Groupe Aqualande), la Petite Leyre est venue submerger tous les bassins d’un mètre d’eau, malmenant le barrage, les poissons et toutes les installations du site. Passée la décrue, l’état des lieux se poursuit encore au mois de juin : impacts sur les structures, état des stocks de poissons et impacts économiques pour le tissu local.

• Le nettoyage des piscicultures ne se borne pas aux sites eux-mêmes et les eaux ont emporté en aval divers débris. Malheureusement, la présence accidentelle de poissons a provoqué une fréquentation inhabituelle
des berges de la paisible Petite Leyre par des opportunistes venus pêcher quelques truites dans la rivière. Piétinement, pénétration en propriété privée, circulation des véhicules en forêt, et abandon de déchets en
tous genres dans la nature… La commune de Sore a dû prendre un arrêté interdisant fermement l’accès des berges de la Leyre dès la fin mai et pour le mois de juin.

A Sore, après la crue - J.Fouert-Pouret

Chantier de nettoyage à Sore le 08 juin

• Divers chantiers se sont organisés sur le territoire landais en regroupant les professionnels aquaculteurs, les fédérations départementales de pêche et les associations locales de pêche, le Parc naturel régional et le Syndicat du Ciron avec le concours des communes et des services de l’Etat. Signalons aussi le ramassage de nombreux déchets démarré depuis quelques semaines par quelques propriétaires riverains et pêcheurs bénévoles subissant directement ces nuisances.

Sur Sore, le site le plus touché, la coordination entre la DDTM des Landes, le Groupe Aqualande et le Parc Naturel Régional a permis de mettre en œuvre le chantier de nettoyage de la Petite Leyre sur un linéaire de 1,4 km : de la pisciculture jusqu’au pont de la RD dans le bourg. Le Parc a tenu à s’impliquer plus particulièrement sur cette portion fortement impactée de la Leyre et a marqué son soutien à la pisciculture signataire en début d’année de la charte Natura 2000 et au groupe Aqualande, mécène pour la labellisation Rivière Sauvage de la Grande Leyre.

• Ce 08 juin 2020, 8 agents du Parc naturel étaient au rendez-vous par solidarité et pour prêter main forte au 4 membres de l’équipe de l’association Adichats (Villandraut), spécialisée dans les chantiers rivière et dûment mandatée par le Groupe Aqualande pour participer activement à la remise en état des berges. Rejoints également par 2 agents de la Fédération Départementale de Pêche, 6 pisciculteurs du Groupe Aqualande, 2  représentants de l’association locale de pêche (AAPPMA des Vallées de la Leyre) mais aussi par la famille de Mathieu Roumegoux (garde pêche local), ce sont donc plus de 20 personnes mobilisées au total.

• Avec deux barques et une répartition des équipes équipées de sacs poubelles et de pelles, environ 20 mètres cubes de déchets charriés ont été collectés : beaucoup de bois mais aussi encombrants, plastiques, divers matériels auxquels se sont ajoutés sacs plastiques, bouteilles, matériels et fils de pêche, laissés par négligence sur les zones de pêche. Ces déchets ont été triés et chargés pour permettre à la commune de Sore  d’acheminer ce volume vers la déchetterie.

• Les restes de poissons découverts sur berge, piégés dans les trous d’eau ou abandonnés, ont été traités sur place. Les odeurs s’effaceront donc peu à peu. La présence de quelques truites mortes au fil de l’eau est encore possible ces prochains jours. D’un point de vue sanitaire, la prudence reste bienvenue.

Fouert_sore-crue-2020

Et demain ? Une ré-ouverture progressive et sous contrôle de la pêche

Si la Petite Leyre offre avant tout un habitat typique pour le Brochet aquitain, la pêche à la truite y reste traditionnelle. Pour permettre une cohabitation sereine sur les berges, les gardes pêche assermentés et les services de la Gendarmerie de Sore avec le renfort du Peloton Spécialisé de Parentis (PSIG), vont continuer leurs actions de terrain. Pour faire respecter au quotidien la police de l’environnement avec le soutien de l’association locale de pêche (AAPPMA des Vallées de la Leyre), plus d’un millier de contrôles ont déjà été réalisés avec de nombreux procès verbaux et avertissements.

>>> RÈGLEMENTATION

L’abandon constaté de déchets en pleine nature fait encourir une amende de 135 euros. Le non-respect de l’arrêté municipal d’interdiction coute lui aussi 135 euros. Quant aux anomalies de pêche (défaut de permis,
quota dépassé, pêche à l’appât, pêche en réserve…), ces contraventions relèvent d’infractions de 3eme classe au titre du Code de l’Environnement. Les montants rapidement dissuasifs excèdent 240 euros et aident
à l’apprentissage du civisme et de la pratique normale de la pêche auprès de certains non-initiés venus en masse dans les espaces préservés de la Haute Lande.

Un suivi rapproché des milieux aquatiques

Les crues remodèlent périodiquement nos cours d’eau et apportent des eaux fertiles, indispensables au bon fonctionnement des écosystèmes typiques de la Leyre. Elles rajeunissent et rebattent les cartes des
composantes de nos zones humides, sur des rythmes longs que nous percevons mal. Il conviendra dans le même temps de s’interroger sur ces alternances inhabituelles d’épisodes extrêmes (printemps sec, étiage record et tardif à l’automne en 2019, puis crue centennale en 2020) et aux capacités d’adaptation et de résilience dans un contexte incertain dû au dérèglement climatique.
À court terme, les effets de la crue invitent aussi à s’interroger sur la bonne réaction des peuplements piscicoles autochtones. Les fédérations de pêche des Landes et de Gironde ainsi que l’Office français pour la Biodiversité (ex AFB et ONEMA) ont assuré prévoir au cours des prochaines mois un suivi rapproché des cours d’eau impactés par ces actualités. La DDTM se portera garante de la coordination de ces suivis et des propositions d’intervention sur le cours d’eau. Avec le soutien de l’Etat et de l’Agence de l’Eau, le Parc Naturel régional poursuivra son investissement au titre des missions endossées depuis 20
ans sur le territoire : technicien rivière, animation Natura 2000, animation du SAGE.

Un bel exemple de solidarité locale pour gommer les stigmates de la crue et retrouver le bien vivre en bord de Petite Leyre.

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NOUS CONTACTER :

 Jérôme FOUERT POURET (Mission Patrimoine naturel PNR) / 05 57 71 99 99
Emmanuel MAZEIRAUD - Marine OMICCIOLO (Groupe Aqualande) / 05 58 05 61 00
Jérémy HANIN (Fédération de pêche 40) / 05 58 73 43 79