Niveau d'eau particulièrement bas sur la Leyre amont
Sécheresse, températures élevées, niveau des cours d’eau et des nappes phréatiques particulièrement bas, les mois de juillet et août 2022 n’auront pas été cléments. Éclairage pour comprendre le phénomène de sécheresse, ses différents impacts, les préconisations et restrictions en cours.

Quel est le bilan météorologique et hydrologique du mois de juillet 2022 ?

On note d’abord des températures élevées, environ 2,3° au-dessus des moyennes de saison. L’absence de précipitations (<2mm) sur le territoire est également marquante. Sur certains secteurs où un orage a éclaté, comme à Pissos (cumul de 10mm), les pluies n’ont pas été suffisantes pour réalimenter des nappes plio-quaternaires déjà fragilisées par un niveau exceptionnellement bas depuis plusieurs mois et notamment avec l'absence de recharge de la nappe depuis l’hiver dernier. Ces nappes, qui alimentent les rivières, ont atteint leur niveau minimal aux stations piézométriques (mesures effectuées depuis les années 80), ce qui entraîne des ruptures d’écoulement en tête de bassin versant. À cela il convient de noter le réchauffement de l’eau dans les cours d’eau aval en réceptacle des nappes, avec des valeurs qui dépassent les 20° et qui sont capables de prendre 2° entre le matin et l’après-midi : l’eau fraîche du sous-sol est donc très rapidement réchauffée par les températures extérieures.

Qu’en est-il du niveau d’eau et du débit des rivières et cours d’eau ?

 Le niveau d’eau et le débit des cours d’eau sont, à l’image des nappes, en baisse. Sur 55 années de mesures effectuées sur la Leyre, le mois de juillet 2022 est la 5e valeur la plus basse enregistrée avec 5,57m3/s au Pont de Salles, soit la moitié des valeurs relevées en juillet 2020 et 2021, années marquées par les effets de la crue centennale. Cette dynamique est la même pour la Leyre comme pour ses affluents. Il est intéressant de souligner que les 4 valeurs plus basses enregistrées avec ce mois-ci, se situent toutes entre 2002 et aujourd’hui.

Cours d'eau / eau stagnante

Quelles conséquences cet épisode de sécheresse a-t-il sur les milieux naturels ?

La présence d’eau stagnante et le réchauffement de l’eau entraînent une baisse de la quantité d’oxygène dans l’eau et de nombreuses difficultés pour la faune piscicole (déplacement, survie…) et la flore aquatique (prolifération d’algues filamenteuses). Les espèces locales perdent également du terrain face aux espèces invasives qui résistent mieux à la chaleur comme la jussie, l’écrevisse de Louisiane ou encore la perche soleil. La souffrance des arbres et végétations en berges se traduit par un feuillage déjà jaunissant, donnant par endroit un avant-goût précoce de l’automne…

Comment l’activité humaine se retrouve-t-elle impactée ?

La navigation sur la rivière est par exemple plus difficile notamment sur la partie amont, des troncs affleurants et des bancs de sable apparaissent et entraînent des blocages. Les pêcheurs ont également des conditions moins favorables de pratique, les pisciculteurs doivent diminuer le nombre de poissons par bassin et fonctionner à débit recyclé, etc…

Quelles sont les perspectives pour le trimestre à venir ?

Les prévisions de Météo France pour août, septembre et octobre dévoilent un scénario assez inquiétant car très probablement sec et chaud. Les dysfonctionnements dont nous avons parlé ci-dessus risquent donc de s’aggraver.

Cours d'eau / Niveau bas

Quelles restrictions sont en cours sur le territoire du Parc ?

En période de sécheresse, pour préserver les utilisations prioritaires de l'eau (santé, sécurité civile et approvisionnement en eau potable), des restrictions d'eau graduelles et temporaires sont déclenchées progressivement par les préfets. La Préfecture de Gironde a mis en place plusieurs niveaux de vigilance. Pour la Leyre en aval, une vigilance jaune a été arrêtée interdisant 1 jour par semaine (le mardi) les prélèvements agricoles, et 3 jours par semaine (les lundis, mercredis et samedis) les prélèvements domestiques dans les cours d’eau. Concernant les cours d’eau côtiers affluents du Bassin d’Arcachon, ils sont soumis à un niveau de vigilance orange, interdisant les prélèvements agricoles 3,5 jours par semaine (les mercredis après-midi, les jeudis, vendredis et samedis) et tous les prélèvements domestiques 5 jours par semaine (autorisés uniquement le mardi et le dimanche). La Préfecture de Gironde interdit également les manœuvres de vannes des barrages (moulins et plans d’eau) pour préserver le milieu aquatique.

Que pouvons-nous faire pour ne pas aggraver cette situation ?

Comme la Préfecture de Gironde, nous recommandons aux particuliers comme aux professionnels un usage parcimonieux de l’eau pour une gestion de la ressource la plus économe possible. À notre petite échelle de citoyen, nous pouvons adapter nos usages domestiques en évitant de laisser couler l’eau, en limitant les arrosages du jardin, en utilisant les appareils de lavage uniquement s’ils sont pleins, ou encore en installant des équipements économes en eau. Il est également recommandé aux collectivités d’optimiser l’arrosage des espaces verts, aux industries de mettre en place des circuits fermés, ou encore aux agriculteurs, d’utiliser du matériel d’irrigation hydro-économe.

Et si l’on veut en faire davantage ?

Vous pouvez endosser le rôle de sentinelle assez facilement, simplement en étant vigilants et en faisant remonter vos observations au Parc naturel. Vous sentez une différence au moment de pomper dans votre puits ou forage, vous découvrez un cours d’eau qui ne s’écoule plus ou des poissons pris au piège ? Contactez-nous !

Mise à jour Août 2022

Aucune pluie n'est venue adoucir ce constat entre le 1er et le 12 août 2022, journée à laquelle d'ailleurs, nous notons un record de sécheresse des sols. Dès le 13 août, la fraicheur et quelques averses, parfois orageuses, se sont invitées sur le territoire. Par endroit, 19mm de pluie sont tombés les 13 et 16 août, 14mm le 24 août. Finalement, la lame d'eau cumulée en août est hétérogène, 10 à 30mm en fonction de la trajectoire des averses, et en-deça de la normale (environ 60 à 65 mm). Le mois d'août 2022 est le 2e mois d'août le plus chaud des 60 dernières années (derrière 2003) selon Météo France.Les valeurs du niveau des nappes phréatiques sont inédites sur les 3/4 des stations suivies sur le bassin versant de la Leyre depuis 1976, et le niveau des cours d'eau (Leyre et affluents) reste également particulièrement bas : actuellement, les débits mesurés sont sur des valeurs dites de quinquennale sèche.

Restrictions en cours

Après le ruisseau du Mayouraou à Sabres depuis juillet, nouvelle mesure d'interdiction totale de prélèvement sur le ruisseau de l'Estrigon et ses affluents sur les communes de Vert, Labrit et Le Sen :